La viticulture

Un grand vin se crée d’abord à la vigne, c’est là que mille gestes quotidiens, réalisés avec la plus extrême minutie et infiniment répétés tout au long des années, des saisons et des jours, font du Château Cheval Blanc un grand cru d’exception.

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Le travail de la vigne en hiver

En hiver, la vigne entre en état de dormance ; c’est durant cette phase de repos qu’est réalisée la taille, opération essentielle nécessitant dextérité et expérience, effectuée à une cadence lente, dans les règles de l’art.

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A Cheval Blanc, chaque parcelle possède son tailleur attitré. Le vigneron examine chaque pied avant de le sculpter, afin de respecter son équilibre et ses trajets de sève. En fonction de ses observations, il choisit l’un des rameaux de l’année, porteur de quelques bourgeons, et coupe les autres sarments. Le tailleur décide, selon le potentiel de chaque cep, du nombre de bourgeons qu’il laisse sur le pied. Cet « ébourgeonnage » vise à favoriser l’étalement de la vendange, sachant que chaque bourgeon donnera naissance à deux grappes en moyenne.

A l’issue des vendanges, un mélange de graines de graminées et de légumineuses est semé dans l’inter-rang et se développent. Durant l’hiver, ces cultures intercalaires sont « couchées-roulées » : leurs fleurs fanées, leurs feuilles et leurs tiges vont produire de l’engrais vert, nourrir et soutenir la vie du sol.

Bien que grâce à ces couverts végétaux, nous ne travaillions plus les sols, nous avons tout de même conservé un léger chaussage-déchaussage sur une bande de 30 centimètres en-dessous de chaque pied de vigne. Cette opération superficielle permet notamment de conserver un microclimat favorable à la santé du pied comme à la maturation du raisin.

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Le travail de la vigne au printemps

Après son repos hivernal, la vigne entre en pleine période de croissance. Les bourgeons apparaissent, à l’abri dans leur bourre : c’est le débourrement, la première phase du cycle végétatif annuel.

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Durant le printemps est réalisé l’« épamprage », intervention minutieuse qui vise à débarrasser le tronc ainsi que le cœur de la souche de ses pampres ; ainsi, ces rameaux stériles ne viendront pas concurrencer les rameaux porteurs de grappes. Par ailleurs, à trois reprises durant l’année, la vigne est attachée entre les fils tendus, et c’est généralement au mois de mai qu’intervient le premier « levage ». D’autres suivront en juin, puis en juillet.

Courant mai vient le temps de coucher les couverts végétaux afin de mettre ces plantes en dormance. Elles vont créer un véritable paillage vivant offrant de multiples avantages : structuration des sols, création de matières organiques, meilleure pénétration des pluies estivales, diminution de l’érosion et du risque d’insolation des terres…

La floraison est scrutée, entre fin mai et début juin, avec attention : les fleurs doivent s’épanouir simultanément pour que les grappes parviennent ensemble à maturité. Au moment de la floraison, un premier écimage réduit l’extrémité des rameaux afin de limiter leur expansion verticale, en vue de favoriser l’aération de la vigne et la pénétration des rayons du soleil.

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Le travail de la vigne en été

La floraison s’achève, les premières graines se forment. Lorsque la vigne est parvenue à la nouaison, arrive le temps de l’effeuillage, entre fin juin et début juillet.

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Le vignoble de Cheval Blanc étant orienté Nord-Sud, il s’agit d’effeuiller les plantes du côté Est, à hauteur des grappes, afin de leur permettre de profiter des rayons du soleil levant. On confectionne à la grappe un univers dégagé et aéré, tout en prenant garde de conserver la dernière feuille au-dessus d’elle, la « casquette » qui la protège des rayons au zénith.

Au début de l’été, chaque pied porte de deux à douze grappes. En juillet, des vendanges vertes permettent de décompacter ces grappes, de les « démêler », afin d’éviter que les raisins, trop serrés, ne viennent à pourrir. Si un pied produit trop de grappes, certaines sont coupées afin que les futures grappes soient plus concentrées. Mais le geste doit rester léger car ôter trop peut provoquer la naissance d’un raisin trop gros ; or seules les petites baies sont convoitées à Cheval Blanc.

Peu à peu, les baies grossissent puis se touchent. On assiste alors à une étape importante du cycle de la vigne : la fermeture de grappe. Début août, en l’espace de quelques jours, un sang nouveau irrigue chaque baie : c’est la véraison, cette soudaine alchimie qui colore le raisin et lui confère toutes ses propriétés. A ce stade, les techniciens de Cheval Blanc redoublent de vigilance : véraison et arrêt de croissance de la vigne doivent en effet être simultanés.

En fin de véraison, des vendanges vertes sont à nouveau pratiquées dans les parcelles en vue de grouper la maturité des raisins. Il s’agit cette fois de couper les raisins encore verts, d’éliminer cette queue de véraison, afin d’épurer et d’homogénéiser les futures vendanges : ne seront alors ramassées que des grappes parvenues à une même parfaite maturité.

En août, la tige des vignes se transforme en bois, ses veinages deviennent rouges puis marrons : c’est ‘l’aoûtement’. Les raisins sont devenus fragiles ; les vignerons évitent donc de trop circuler dans les vignes. Après un déchaussage réalisé au milieu de l’été, les opérations de labour sont arrêtées : l’herbe peut désormais pousser, elle boira l’eau à la place de la vigne. Les tanins se révèlent en effet sublimés par les contraintes hydriques.

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Le travail de la vigne en automne

La densité et la puissance de Cheval Blanc reposent sur un élément-clé : le raisin n’est cueilli que lorsqu’il a atteint l’exacte maturité ciblée, laquelle réunit trois maturités spécifiques.

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La première est d’ordre aromatique. Si l’état d’un fruit peut s’inscrire dans quatre stades, de « vert » à « pourri », seul l’état « frais » intéresse Cheval Blanc. La seconde maturité, dite « technologique », s’avère également essentielle puisqu’elle touche à la complexe équation entre acide et sucre. L’acidité apporte fraîcheur et équilibre à Cheval Blanc, lui offre son potentiel de garde et sa jeunesse. Le degré d’alcool n’apparaît pas, quant à lui, comme un facteur décisif : Cheval Blanc peut afficher 12,5° comme 14°, et conserver son équilibre. Enfin, la maturité phénolique concerne la structure du vin. Seule la qualité des tanins se révèle importante, et non leur quantité. L’enjeu est d’obtenir des tanins soyeux, onctueux, riches en densité, qui ne génèrent ni sécheresse ni rusticité.

Début septembre, les réglages deviennent quotidiens. Chaque matin, le chef de culture et le directeur technique de Cheval Blanc sillonnent les vignes pour goûter les baies et évaluer la progression des trois maturités. Ensemble, ils analysent les données météorologiques et comparent différents paramètres : arôme, acidité, tanins. La maturité souhaitée par Cheval Blanc doit s’inscrire dans l’exact cœur de cible, et ce sur les cinquante-six parcelles du domaine. L’ensemble du travail fourni tout au long de l’année se joue à cet instant : chaque parcelle ne sera vendangée que lorsqu’elle aura atteint l’optimum de sa maturité. Si l’une d’elles ne parvient pas à réunir les critères attendus, son raisin ne pourra participer à l’élaboration du grand cru. La maturité du raisin, des peaux, des pépins : tout doit être « al dente ».

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Les vendanges

Tant que le raisin n’est pas prêt, tant que la maturité souhaitée n’est pas atteinte, l’attente se poursuit. En aucun cas, la logistique imposée par les vendanges ne prévaut sur cette philosophie. En attendant le feu vert, qui sera donné parcelle par parcelle, l’ensemble des équipes se tient prêt.

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L’équipe technique peut décider de ne vendanger, en une journée, qu’une seule parcelle ; ou bien de suspendre les vendanges durant plusieurs jours.

Les grappes récoltées sont placées dans des cagettes de 20 kilos. Lorsqu’une parcelle a été entièrement vendangée, sa production est dûment identifiée puis pesée : la cuve de vinification qui lui sera attribuée sera choisie en fonction de son tonnage. La production de chaque parcelle est ainsi soigneusement traitée séparément, selon un protocole strict. Aucun raisin produit sur une parcelle n’est mélangé à des grappes récoltées sur une autre.

Un premier tri a été effectué dans le rang, par les vendangeurs : habitués aux critères rigoureux du domaine, ils ont déjà écarté les baies qui ne présentent pas une qualité optimale. Le deuxième tri des grappes est réalisé sur table, à faible cadence, par quatre personnes chargées d’examiner le contenu des cagettes déversées une à une. En bout de table, une dizaine de collaborateurs effectue un dernier tri des graines, après que l’égrappoir a ôté le squelette végétal de la grappe. Les graines trop vertes, roses ou flétries sont écartées ; ne sont conservées que des billes parfaites.

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